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Fil d'Ariane

Les vignerons encavent de magnifiques vendanges

Communiqué

Lausanne, le 24 septembre 2020 – Les vignerons des six régions viti-vinicoles vaudoises, La Côte, Lavaux, Chablais, Côtes de l’Orbe, Bonvillars et Vully, sont en pleines vendanges. Les raisins, les rouges comme les blancs, sont d’une excellente qualité, en quantités toutefois plus faibles que prévu. La dureté des marchés et les conséquences du coronavirus plombent l’ambiance.

Les premières grappes se sont offertes aux vendangeurs tout début septembre, pour les cépages rouges les plus précoces. Dès la mi-septembre, vignerons et vigneronnes sont entrés dans le vif du sujet pour deux à trois semaines de récolte, selon les régions, les parcelles et les stratégies individuelles. Soit une avance de 10 à 15 jours par rapport à la moyenne des années précédentes.

Outre une période de mauvais temps au moment de la floraison, l’année écoulée laisse un souvenir positif. Longues périodes de grand beau temps, très chaud jusqu’à 36° et parfois sec, sans pour autant que la vigne ait eu à en souffrir. Et surtout sans grêle. Il a fait beau quand il fallait, et il y a eu de l’eau au bon moment, relève un vigneron du Vully. Chaud torride au point que certaines baies ont légèrement coulé, comme l’a observé cette vigneronne de Lavaux. Les concentrations aromatiques sont magnifiques, disent unanimes les producteurs des six régions.

Les quantités seront plus faibles, parfois en-dessous des quotas fixés par le Canton, notamment pour les pinots. En cause : un coup de froid survenu au moment de la floraison, qui a affecté les cépages les plus sensibles. La Communauté Interprofessionnelle du Vin Vaudois (CIVV), prévoit que la production 2020 devrait atteindre 23,5 millions de litres, 65,5% en vin blanc, 29,1% en vin rouge et 5,4% en spécialités blanches – soit une baisse en quantités de 13 % par rapport à 2019.

Les sondages en attestent : entre 92 et 105 Oechsle pour le pinot noir et le mara, plus de 75 à 80 et même davantage pour les chasselas, jusqu’à 110 pour le pinot gris, le tout assorti d’une structure généreuse et très dense. La qualité est au rendez-vous. Avec quelques nuances d’appréciation, certains voient déjà le 2020 se profiler comme un millésime aussi riche et solaire que le 2015 ou que le 2018. Pas de triomphalisme hâtif dans les Côtes de l’Orbe : on attend la confirmation de la maturité physiologique et son résultat dans les cuves.

Les maladies traditionnelles de la vigne ne l’ont pas affectée. Quelques rares et timides apparitions de mildiou, une pression d’oïdium un peu plus forte dans certaines régions, et principalement sur les cépages sensibles, comme le gamay ou le chardonnay, observe un vigneron du Chablais. Globalement, la « chorale des pulvérisateurs » s’est calée sur un tempo adagio et les traitements ont été contenus. La célèbre et bruyante mouche suzuki ne s’est pas trop manifestée, à l’exception de quelques rarissimes parcelles, proches de cultures fruitières. Rien à voir avec son invasion pétaradante de 2014.

Gilles Cornut, président de la Communauté Interprofessionnelle du Vin Vaudois (CIVV) ne cache pas son enthousiasme : « La qualité du raisin est exceptionnelle, tous cépages confondus. On l’oublie souvent, le vignoble vaudois est planté de 61 cépages différents. L’état sanitaire est irréprochable, les arômes sont intenses, l’acidité recherchée est là. Le COVID-19 nous empêche de nous réjouir et de fêter les vendanges comme d’habitude, mais 2020 sera une grande année, très similaire à 2015 ».

Enthousiasme partagé par François Montet, président de la Fédération Vaudoise des Vignerons (FVV) : « La qualité de la vendange est magnifique, les concentrations sont optimales, et l’année s’est bien déroulée. Les sondages sont excellents, et la météo nous est favorable. Outre le coronavirus, l’autre point inquiétant pour la FVV comme pour certains de nos membres, c’est la difficulté à écouler leur production et à dégager un revenu qui leur permette d’en vivre ».  

Point noir au tableau, le coronavirus a impacté le monde viti-vinicole et tout particulièrement l’organisation des vendanges. Les équipes de vendangeurs ont dû être fractionnées, les distances entre eux dans les lignes augmentées, les transports effectués avec masque, les repas pris en plus petits groupes plutôt que tous à la même table, et les logements adaptés. Trois personnes dans un dortoir, là où il y en avait huit habituellement. Plus d’attroupements à la cave en fin de journée, autour du pressoir, finie la tradition de boire dans le même verre. Le côté festif et chaleureux des vendanges s’est fané, et on vit ces vendanges en vase clos, constate - sans jeu de mots - une vigneronne de Lavaux.

Le coronavirus n’a pas seulement brouillé les cartes et les habitudes de consommation au sein de la société. Il a aussi entraîné des modifications du marché totalement imprévisibles. Pour certaines petites exploitations, orientées majoritairement vers la vente en bouteilles à une clientèle privée, le semi-confinement a entraîné une augmentation de la consommation. Comme les gens étaient chez eux, disponibles, il était possible de livrer leurs commandes à tout moment, note un exploitant de La Côte.

Les domaines habitués à vendre leur production à la restauration, par les marchands, ou lors d’événements, ont davantage souffert. Même si l’été et les plaisirs qu’il inspire a fait repartir les ventes, certains exploitants tirent un bilan particulièrement amer de cette année 2020. Dès le moment où les manifestations ont été annulées et que les restaurants ont perdu leur clientèle en raison du semi-confinement, certains ont vu leurs ventes chuter de plus de 80% et les pertes ne seront pas récupérables. Solides comme le pied de leurs vignes, les vignerons ne se laissent pas abattre, savent rebondir, diversifier leur production et innover pour conquérir de nouvelles parts de marché.